J’avais envie de te dire des mots. Mais tu sais comme moi
que plus souvent qu’autrement, ces mots là sortent tout croches et finissent
dans le sens complètement contraire du plan initial. Tu le sais très bien,
parce que vendredi passé tu m’as dit que t’avais l’impression que desfois, je
ne suis pas la même fille le soir que le matin. Que tu préférais celle du
matin. Je te l’accorde.
Alors j’ai décidé de t’écrire. Comme ça je risque moins de m’enfarger
dans mes mots pi de me planter à pleine face encore une fois.
Ça drôlement commencé cette histoire-là. Ça même commencé
avec tes doigts dans mon nez, bizzare quand même. Et puis après ça, ça été à la
vitesse de l’éclair jusqu’à ce que je rentre dans un mur de la rue St-Joseph un
certain vendredi.
Un bon temps mort de deux semaines ou je voulais te voir
brûler en enfer. Rien de moins, tu me connais.
Et puis après, le calme et la paix en moi sont revenu. Ça
faite du bien. On s’est recroisé, ça faite du bien l’instant de quelques jours.
Un certain soir du festival d’été, je suis débarqué chez
vous, assez tard, avec une petite âme déchue et perdue. Je sais que tu l’as vu
dans mes yeux. C’est pas toujours évident de dealer avec la peine de quelqu’un,
surtout quand tu sais que tu en est la cause principale, hein? Mais je voulais
juste te dire au fond que tu l’as. Ouais, tu l’as vraiment, même si tu t’en rends
pas compte par boute, pour remettre les gens sur pieds.
Je me suis assise sur le trottoir. Je sais que t’avais pas
tant envie de discuter à cet heure-là et dans les circonstances. Et puis, tu m’as
demandé si j’avais faim. Je t’ai répondu que j’avais pas soupé. T’es monté en
haut dans ton appartement et t’es revenu avec ta moitié de grilled cheese. Tsé,
t’aurais pu être égoïste et la garder pour toi, parce qu’il était bon en
maudit. Mais non, tu me l’as offert. C’est tellement un beau geste de ta part.
T’es même remonté me chercher un verre d’eau parce que j'arrêtais pas de parler la bouche pleine. Dans ma tête, rien ne pouvait t’atteindre
et tout te passait par-dessus la tête. T'étais un dur, intouchable. Mais ce soir-là, j’ai vu dans tes gestes
une lueur de générosité et un petit gars plutôt doux. J’apprécie tellement.
T’aurais pu juste m’abandonner sur la chaîne de trottoir pi
même pas me parler. Tsé, la présence d’un ami ça fait du bien quand tu feel
pas, même si on parle pas. T’as voulu prendre soin de moi et t’assurer que je
rentre chez nous, en sécurité, confortablement et avec la tête à la bonne place. Alors tu m’as
appelé un taxi et tu m’as donné 20$ en me disant, rentre chez toi. Merci,
tellement.
Le jour suivant quand je t’ai revu, je ne te voyais plus avec
les mêmes yeux. J’ai pu envie de t’en vouloir pour rien depuis que t’as partagé ton
grilled cheese. Même si plus souvent qu’autrement je te reprochais de ne pas
être assez là, tu prends encore le temps d’être avec moi et de me faire rire.
Tu sais, au fond, j’ai pas besoin de grand-chose. Juste de sentir que je compte
un peu pour toi et que tu seras toujours là au bon moment et au bon endroit
pour me remettre sur patte quand j’ai l’air d’avoir quitté la map.
C’est ce que je voulais te dire. Par texto ça aurait été
trop long, pi t’aime pas ça les messages longs. En fin de soirée, ça aurait
sûrement viré tout croche pi mal fini avec une couple de verres en trop. Et le
jour ben, j’aurais peut-être pas eu tout ce beau courage là. Je voulais juste
que tu le saches, que ton grilleed cheese a tout changé. Je sais que tu es une
bonne personne et je remarquerai davantage tes gestes que tes paroles, comme tu
m’as dit sous la pluie vendredi.
S. xox
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